LES CERNES DU CHRYSANTHÈME
J’ai vendu mon âme au diable parce qu’il porte des Prada/ Renié mes origines, brûlé la Pravda/ Les mains d’ouvriers aux cratères calleux / Des crapules endimanchées aux manchettes dorées/ Savants fous se jouant de l’humanité/ Célébrant l’été en plein hiver/ Transformant le noir du cambouis en billets verts/ Les toiles de Soulage en crémaillère/ Des araignées qui règnent sur une fourmilière/ La nostalgie a une drôle d’odeur/ Celle de la tôle, de la mie du pain et du beurre/ La photo de mon daron dans la poche/ Ses poches sous les yeux/ Espérant un miracle sans un tacle par derrière/ La colonne vertébrale en morceaux/ Les genoux en vrac/ Du ciment sous les ongles/ Les samedis après-midi à la FNAC/ La Boum et les seins de Sophie Marceau/Le mime d’un clown au milieu du salon/ L’hymne de la nostalgie à la radio/ J’ai vendu mon âme au diable parce que les anges sont des lâches/ Traversant les nuages à la nage/ À genoux sur le béton froid/ À tenter de prendre la vie dans mes bras/ Un môme est momentanément invisible/ Les ombres en costume se consument/ Si la flamme s’éteint par flemme/ Le monde se fanera comme un chrysanthème.