LES FAROUCHES AUX DENTS CASSEES
De la fenêtre de ma chambre, le septième étage accueil un pigeon sur son coude de béton/ Les antennes pointent les nuages, tâches de lait au milieu du ciel, tétons d’acier à la recherche d’une bouche éternelle/ Le peintre, tout là-haut, balance des coups de pinceaux pour mieux redéfinir les courbes du Truman show/ Il est temps de faire cracher les cheminées d’une fumée blanche insolente/ De la buée joue avec les joues d’une vitre recouverte de larmes de pluie/ Jim Carrey saute dans le bus 60 en direction du paradis/ Ils ne sont plus qu’à quelques pas de moi/ Les escaliers grincent comme des hanches usées au petit matin/ Les corps encore chauds se réveillent avec férocité/ Le café ouvre mes yeux au pied de biche/ Les loups approchent, un avis d’expulsion dans la poche/ Tu dors encore paisiblement, loin de cette merde qui recouvre les gens/ Une épaule nue éblouie la piaule/ Un grain de beauté discret, colibri marron, se pose sur le début de tes fesses caramels/ Le sable chaud de ta peau fait rougir la tapisserie qui se décompose en lambeau/ Le radiateur gémit et le chat miaule/ Quand avons-nous merdés ? La chaleur moite de la nuit et des ecstasys qui fondent dans la bouche, chocolats qui cassent les dents mais qui rendent moins farouches/ Dans le cube hermétique en acier, la musique faisait trembler les cages thoraciques/ Les basses lèchent les cœurs/ Les fantômes en sweat à capuche tremblent comme des peluches bon marché/ Il faisait bon de se mouvoir en se frôlant en ignorant la réalité, ce jeu où il est impossible de gagner/ L’onde des mouvements des épouvantails hypnotisés/ La sueur sous les t-shirt trempés/ Une langue glisse dans une bouche qui sent déjà les égouts/ Les visages se découvrent vulnérables et font face au dégoût/ Le jour se lève avec les cernes du diable/ La partie était perdue avant même d’avoir commencé/ Maintenant le piano joue tout seul la mélodie des Léviathans/ Une latte de tabac froid / Un mégot sur un sparadrap/ Une aiguille au creux de ton bras/ Des miettes sur les draps/ Le souvenir d’une reine et d’un roi déchus amoureux de chocolat.